Tender is the night...

Publié le par Drinkel

Dianne-Wiest-9542587-1-402.jpgIl en va des films comme de certains vins. Il y a des œuvres  qui se bonifient en vieillissant. C’est le cas de September,  l’un des films les mieux réussis de Woody Allen. Sorti en 1987, le film garde une vraie jeunesse même si le monde qui y est décrit n’est plus vraiment celui d’aujourd’hui, avec des personnages  sensibles et vivants, humains trop humains, qui s’offrent le luxe de s’interroger sur leur vie, de chercher l’amour et le bonheur, qui aiment écouter la musique ensemble, qui se livrent à des confidences qui se terminent quelquefois avec des baisers dans le clair obscur d’une chambre…C’est le monde tel qu’il existait avant la généralisation du numérique , quand on écoutait encore  des disques en microsillon sur de vrais tourne disques, quand le téléphone était un meuble et non un bout de métal qui ne paye pas de mine et qu’on avait vraiment le sentiment de quelqu’un était au bout du fil, quand de jeunes écrivains  étaient vraiment tourmentés de leur projet de roman et donnaient leurs épreuves à lire à des amis…En revoyant le film de Woody Allen j’ai vraiment ressenti l’air de Septembre, comme autrefois quand on « rentrait », avec la soif du nouveau et des promesses de rencontres…

 

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Tous les personnages de Septembre sont complexes et attachants. Six personnes dans un huis clos, une maison du Vermont  au Nord-Est des Etats-Unis où une jeune femme, Lane, reçoit des amis et des proches, dont sa mère Diane, une ancienne actrice qui en a vu des vertes et des pas mûres et qui a décidé une bonne fois pour toutes de braver le malheur en vivant intensément et joyeusement. Son compagnon Lloyd est un physicien qui a compris que l’univers n’obéit à aucune loi morale (moralement neutre) et qu’il est incroyablement violent  dans toutes ses composantes qu’il s’agisse de l’infiniment petit ou de l’infiniment grand. Lloyd réalise toute sa chance d’avoir rencontré Diane dont l’exubérance donne sens à sa vie et lui procure le vrai bonheur des gens mûrs. Entre la mère et la fille un souvenir traumatisant : le meurtre commis par Lane encore  adolescente sur son beau père un affreux voyou, poussée en cela plus ou moins indirectement par sa mère. Elle rend sa mère responsable de ses troubles et de ses dépressions …Lane est amoureuse d’un jeune romancier qu’elle héberge, Peter, beau parleur et dragueur qui ne partage pas les mêmes sentiments pour Lane même s’il lui est arrivé de coucher avec elle. C’est de Stéphanie qu’il semble épris, une amie et confidente de Lane, mariée et mère qui semble être prisonnière de l’institution matrimoniale et multiplie les occasions  pour être loin de son mari…Elle est attirée par Peter mais sait l’impossibilité d’une telle liaison.  Enfin Howard voisin de Lane, veuf éploré qui nourrit des sentiments pour Lane et cherche à l’aider…

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Cet imbroglio sentimental n’est à aucun moment pesant, et les personnages sont d’une telle vérité et d’une telle humanité qu’on ne se lasse pas un seul instant de les voir, d’être avec eux, d’observer leur attirance, leur souffrance, les gestes et les silences qui en disent long sur leurs attentes…On se sent au chaud avec ces amis là, et quand Peter met le disque de Art Tatum et Ben Webster on s’y croit vraiment…

September est un prodige au niveau de l’interprétation. Tous les acteurs sont vraiment excellents, en particulier les rôles féminins : Mia Forrow est d’une authenticité bouleversante en jeune femme fragile qui n’a jamais renoncé à son droit au bonheur, Hellen Stritch dans le rôle de la mère, interprète ce rôle  avec une joie de vivre contagieuse et une énergie qui porte le film et tempère la gravité de certaines scènes, Diane Wiest est d’une beauté émouvante dans ce rôle de jeune femme tiraillée entre ses désirs et les impératifs moraux…

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