Les images meurent aussi...

Publié le par Drinkel

chris-marker

 

Je commence à me méfier de l’été. Cette année il nous a ravi un grand cinéaste, Chris Marker disparu le 29 juillet (le jour anniversaire de sa naissance puisqu’il est né le même jour en 1921). Ce globe trotter, écrivain, cinéaste et poète est un artiste qui a su faire parler les images avec la même intensité que les grands écrivains l’ont fait avec les mots. Son approche est faite de mots et de visions, maniant avec dextérité la plume et la caméra, les  concepts et les percepts, et allant toujours au fond des choses avec un grand intérêt pour l’humain. D’où l’impact de ses films sur les cinéphiles exigeants partout dans le monde, du Japon aux USA et de l’Europe au monde arabe…

 

Chris Marker Sans Soleil CD1 054119 02-14-11 

Du personnage on connaît peu de choses, et même ses photos sont absentes du net et des revues de cinéma car visiblement il fuyait les médias. Wim Wenders avait réussi à le filmer dans un restaurant de Tokyo dans un documentaire qu’il avait fait au Japon. Maintenant qu’il est décédé, quelques témoignages commencent à filtrer ça et là, comme ce documentaire réalisé par Ody Roos au cimetière du Père Lachaise à Paris où des amis du cinéaste s’étaient rassemblés pour lui rendre un dernier hommage. Je remercie mon ami Ody Roos, cinéaste et producteur qui a toujours soutenu le cinéma marocain, de m’avoir envoyé une copie de ce  documentaire sachant tout l’intérêt que je portais à l’œuvre de Chris Marker.

 

Catherine Belkhodja 26 

Ody connaissait bien Chris Marker qui a même monté quelques uns de ses films dans l’appartement d’Ody à Paris (l’héritage de la chouette et Le fond du ciel est rouge). Chris comme le dit Yannick Belon dans le documentaire était toujours de passage et n’avait aucune idée d’une maison fixe, un home puisqu’il était toujours en mouvement, arpenteur infatigable de la terre des hommes, du Japon à la Guinée Bissau, de l’Amérique Latine aux iles du pacifique…Les témoignages à vrai dire ne disent pas grand chose sur l’œuvre, la seule chose qui compte pour un artiste de cette envergure. Mais on apprend des petits détails sur l’homme qui le rendent encore plus attachant, sa timidité légendaire, son look de techno avant la lettre avec un intérêt pour les nouveautés, « toujours habillé de chaussures de militaires, avec des blousons et des poches partout » et s’habillant avec ça dans un magasin qui porte le nom de « L’homme moderne ». On apprend aussi qu’il avait des rapports ombrageux avec les femmes qu’il aimait, et que l’actrice Catherine Belkhodja avait été son grand amour, chose qu’on devine plus ou moins quand on voit Level Five ou l’actrice est vraiment belle est émouvante. On apprend que Chris aimait les galeries  couvertes à Paris , comme la Galerie Véro Dodat où il se rendait chez Yannick Bellon qui évoque longuement la collaboration de Chris au film Le souvenir d’un avenir consacrée à la photographe  Denise Bellon mère de Yannick.

Dans ce court documentaire on voit défiler au cimetière quelques personnalités du cinéma français, Agnès Varda, Costa Gavras, Florence Dauman à qui d’ailleurs le film est dédié. Le film se termine sur deux belles citations extraites du film de Chris Marker Les statues meurent aussi  que je me permets de reproduire ici :

« Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l’histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l’art. Cette botanique de la mort, c’est ce que nous appelons la Culture.

Un objet est mort quand le regard qui est porté sur lui a disparu. » Et Roos de conclure : Quand les images meurent où vont-elles ? Merci Ody pour ce bel hommage.

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