Commanditaires invisibles.

Publié le par Drinkel

Après plus de quatre décennies de labeur ininterrompu et bénévole au service du septième Art je me trouve de fait excommunié du champ cinématographique et plus ou moins interdit de séjour dans les principales manifestations organisées au Maroc. Je ne m’explique pas ce rejet et cet ostracisme d’autant plus que j’ai payé de ma jeunesse et de mon temps pour diffuser la culture cinématographique dans ce pays à travers les ciné-clubs, l’université, la radio et la télévision, la presse écrite et aujourd’hui dans  internet avec des blogs qui sont lus par des milliers de personnes à travers le monde. A un moment où le Maroc était un désert culturel et cinématographique (début des années soixante dix)   je parcourais le pays avec des bobines de Wajda, Eisentein, Alain Resnais, Tarkovsky… sans autre motivation que celle de faire connaître par les jeunes de Fqih Ben Salah, Sidi Slimane, Tifelt, Khémisset, El jadida, Khouribga, ces joyaux du septième art…J’ai fait pareil dans les ciné-clubs et les cinémathèques du Maghreb pour faire connaître les œuvres de Baouanani, Majid Rechiche, Souheil Ben Barka…à Tunis, Alger, Tissemsilt, Tigzirt- sur- mer en Kabylie…J’ai représenté dignement le Maroc dans les festivals internationaux où j’ai été quelquefois membre de jury et présenté le cinéma marocain le mieux que je pouvais dans des universités étrangères à travers des colloques et autres manifestations. A travers mon émission Le Grand Ecran des milliers de téléspectateurs ont découvert, quelques uns pour la première fois, les univers de Fellini, Visconti, Bertolucci, Orson Welles mais aussi Tewfiq Saleh, Youssef Chahine, Saleh Abou Seif, Lakhdar Hamina…J’ai donné à entendre les propos d’Yves Montand, Trintignant, Ornella Muti, Jacques Demy, Agnès Varda…Comment ose t- on occulter tout ce passé et me dénier le droit de participer à des manifestations culturelles financées par le contribuable ? J’ai toujours rempli mon devoir y compris dans les moments critiques comme cet été quand j’ai assuré la présidence du jury du festival de Khouribga, et plus tard quand j’ai animé le festival des femmes de Salé alors que je souffrais en silence des symptômes d’un mal qui a failli m’emporter. Et tout cela par amour de l’art au moment ou d’autres amassaient les dividendes et garnissaient leurs comptes dans les banques françaises et ailleurs au nom du cinéma marocain.

Alors je dis honte à ceux qui font taire les voix et pratiquent la politique d’excommunication pour satisfaire à des commanditaires invisibles. Ma voix ne se fera certainement pas entendre demain dans la lumière matinale de l’hôtel Chellah à Tanger mais mon message a déjà été entendu et le sera de multiples manières….

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