Dignité d'abord!

Publié le par Drinkel

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Grosse fatigue de fin d’année, fin de cycle. L'anné 2011 s’épuise à vouloir finir et emporte les meilleurs d’entre nous. Pourtant il fait beau ce matin à Rabat et la tentation d’exister est très forte. Mon royaume est de ce monde. La table est dressée. Il faut se servir et vite…Tout à l’heure j’irai visiter la nouvelle FNAC à Casa. Plus besoin d’aller à Paris, c’est Paris qui vient à nous. Nous avons même un faux festival de Cannes, clefs en main. La Société Public système cinéma filiale du groupe Public système dont le siège est à Levallois (Paris)  co-organise depuis plusieurs années déjà le FIFM (festival international du film de Marrakech). Même si officiellement c’est la Fondation du festival international du film de Marrakech qui organise ce festival qui ambitionne de se mesurer aux grands rendez-vous internationaux du 7ème Art (Venise, Berlin, cannes…). Mais dans les faits c’est Public système cinéma qui est le maître d’œuvre. Dans les documents de la société on peut lire que le FIFM fait partie de ses réalisations à côté des  festivals de Deauville, Cognac, Manaus, Géradmer…Les activités de la société consistent à organiser les « relations presse, la promotion, le marketing (création et achat d’espace pour les films…organisation de soirées et d’avant -  premières, et le conseil stratégique auprès des professionnels du cinéma ». La société s’occupe aussi des sorties des films en salle. C’est elle qui a fait la promotion du film Marock de Laila Marrakchi en 2006. Enfin la société Public système fut créée par Lionel Chouchan,  écrivain et publicitaire et sa filiale Public système cinéma est dirigée par Bruno Barde qui signe les édito du site du festival de Marrakech en tant que directeur artistique du festival.

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Questions : Combien coûte l’organisation du Festival du film de Marrakech et qui paie ? Quelle est la part du budget du festival versée à la société Public système cinéma et qui paie ? Est-il normal que le Maroc, passé champion dans l’organisation de festivals et autres rencontres (plus de cinquante festivals annuels rien que pour le cinéma), soit obligé de faire appel  à une société étrangère (quelle que soit la compétence de ses dirigeants, ce n’est pas la question), pour organiser une manifestation culturelle et cinématographique sur le sol marocain ? Enfin quelle est la valeur ajoutée pour le cinéma national ? Par exemple, les films marocains programmés au festival ont-ils jamais bénéficié d’une sortie en France ou sur les écrans européens ou américains grâce au festival de Marrakech? Quelles retombées réelles pour notre cinématographie à l’étranger, en dehors de la participation épisodique de quelques films à des festivals ça et là ? Y’a-t-il des projets de coproduction ou de vente de films marocains à l’étranger qui se soient conclus à Marrakech comme cela se fait dans les grands festivals comme Cannes, qui est d’abord un lieu de rencontre des professionnels et qui a profité tout au long de son histoire au développement du cinéma français ?

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   Questions subsidiaires : Et l’honneur dans tout ça ? Pourquoi des journalistes marocains sont-ils « traités comme du bétail » (lire à ce sujet le témoignage de Sana Guessous dans la vie économique et sur le web : http://www.lavieeco.com) ). Est-il vrai que Souheil Ben Barka, quand même ancien directeur du CCM (quels que soient ses mérites par ailleurs) n’ait pu assister à la cérémonie d’ouverture cette année parce qu’il n’aurait pas reçu son carton invitation ? Est-il normal que les conférences de presse et autres master class soient animées par des étrangers alors que notre pays regorge d’animateurs et autres lauréats de l’ISADAC et  des Ecoles de journalisme privées ou publiques et autres Instituts dont beaucoup au chômage , sans parler des animateurs formés sur le tas dans les ciné-clubs et autres associations militantes et bénévoles ? Verrait-on par exemple à Cannes des marocains diriger les séminaires de France Cinéma diffusion où animer les conférences de presse sur la croisette ?Lors des conférences de presse qui ont eu lieu à Marrakech et auxquelles j'ai pu assister, les journalistes nationaux étaient distillés au compte goute et soigneusement filtrés. Je n’ai pas assisté à l’édition de cette année mais je me rappelle l’ambiance des conférences de presse de l’année dernière et celle d’avant. Il y eût par exemple une conférence de presse avec une importante délégation de cinéastes français dont le nombre dépassait le nombre de journalistes présents dans la salle au point que c’en était gênant. Voir ces illustres créateurs (Costa Gavras, Agnès Varda, Jean Becker, Serge Toubiana de la Cinémathèque..) parler à une salle  vide a quelque chose de discourtois…Et j’ai du ce matin là faire un effort pour multiplier les questions à l’adresse de l’honorable délégation pour créer un peu d’ambiance. Je suis un admirateur du cinéma français comme vous pouvez le constater en lisant mon blog…La même chose s'est passée avec la délégation de cinéastes coréens l'année d'avant… Je ne sais pas comment se sont déroulées les choses cette année et j’espère que les organisateurs ont rectifié le tir.

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     Je ne parle pas évidemment du peu de cas qui est fait des invités nationaux quand ils sont invités : Ils n’ont que peu d’occasions de rencontrer leurs pairs : cinéastes, professionnels, techniciens, journalistes et critiques. Déjà le palais des Congrès est conçu pour établir une hiérarchie stricte où votre valeur se devine à la couleur de votre carton d’invitation et de la lettre inscrite dessus en feutre noire. Malheur au porteur du G qui n’a que le poulailler pour abri. Avec un peu de chance et en courbant  la colonne vertébrale il verrait un bout de la robe de soirée de Catherine Deneuve ou un zeste de cheveu de Fanny Ardant…Mais c’est déjà beaucoup me direz-vous, avec tout ce qui se passe ailleurs et il vaut mieux être à Marrakech qu’à Kaboul...


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R
Je trouve cela triste que les sociétés arabes sont toujours colonisés. Et cela, malgré les milliers de diplômés que nous fabriquons chaque année.<br /> <br /> Nos anciens disaient: Instruit ne veut pas dire cultivé
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R
Bonjour,<br /> J'ai remarqué une faible présence des réalisateurs arabes et maghrébins au festival de Marrakech.Est ce que c'est le choix des commanditaires ou celui du ministère de la culture?<br /> <br /> Merci
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D
<br /> <br /> C'est un festival livré clefs en mains comme je le montre dans mon article. De toute façon le ministère de la culture est quasiment inexistant et n'intervient absolument pas dans la<br /> programmation des festivals. c'est plutôt le centre cinématographique qui est concerné mais en l'occurence il n'a que peu de pouvoir...<br /> <br /> <br /> <br />